Cette
semaine, Malik Mezzadri est en Guadeloupe. Rien d’extraordinaire en
soi, si ce n’est qu’il est en tournée avec le Magic Malik Orchestra dans
toute la région (du Mexique à Haïti en passant par Sainte-Lucie) et que
c’est la première fois qu’il vient rejouer dans le pays de son enfance.
Alors là, l’émotion est au rendez-vous pour ce grand garçon qui
pourtant a déjà parcouru le monde en long, en large et en travers, au
cours de ses nombreuses expériences musicales. Sa première grande
tournée a été celle effectuée pendant un an avec Julien Loureau en 1999,
et qui a un peu été le déclencheur de tout ce qui a suivi. Depuis,
Malik a gravé trois disques sous son nom – le dernier venant de sortir –
et tourné avec l’Orchestra en Afrique, en Asie et maintenant en
Amérique Latine et Caraïbe. Ce lundi soir, c’est donc un concert à haute
valeur affective qu’accueille le théâtre du Cyclone, en présence de la
famille de Malik, de quelques amis de longue date et de quelques
mélomanes convaincus. La pluie aussi s’est invitée au rendez-vous, ce
qui donne un air surréaliste à ce concert quasiment en plein air – “Depuis qu’on joue dans la région, il pleut !” – confie d’ailleurs la jeune contrebassiste Sarah Murcia.
“C’est comme les boucles étranges d’Escher, j’ai l’impression d’avoir gommé le temps, d’être revenu au point de départ. Jouer ici, aujourd’hui, devant mes parents, est très important pour moi.” dit Malik – et on sent percer le trac et l’émotion pour ce concert entre amis. Le choix est vite fait : les musiciens au sec, les spectateurs à l’eau. Puis la musique éclate – et le mot est on ne peut plus juste, et tout le monde se fiche du temps qu’il fait ! Malik emmène son monde de main de maître, virtuose à la flûte, hypnotisant à la voix, et souvent les deux ensemble. Denis Guivarc’h est visiblement complètement immergé dans la musique et l’entente entre les deux hommes est évidente. Or Solomon aux claviers et synthétiseurs, Sarah Murcia à la contrebasse sont parfaits, mais on ne peut pas ne pas être fasciné par l’énergie et la puissance dégagées par Maxime Zampiéri qui porte les compositions de Malik au bout de ses baguettes. Rythmes hyper-techniques (et pourtant si fluides à entendre), tempos infernaux et régularité sans faille. Scotchage complet. “Pour tenir un tel rythme, c’est impossible tout seul. Je puise de l’énergie dans le jeu de Malik et Denis pour y arriver” lâche
“C’est comme les boucles étranges d’Escher, j’ai l’impression d’avoir gommé le temps, d’être revenu au point de départ. Jouer ici, aujourd’hui, devant mes parents, est très important pour moi.” dit Malik – et on sent percer le trac et l’émotion pour ce concert entre amis. Le choix est vite fait : les musiciens au sec, les spectateurs à l’eau. Puis la musique éclate – et le mot est on ne peut plus juste, et tout le monde se fiche du temps qu’il fait ! Malik emmène son monde de main de maître, virtuose à la flûte, hypnotisant à la voix, et souvent les deux ensemble. Denis Guivarc’h est visiblement complètement immergé dans la musique et l’entente entre les deux hommes est évidente. Or Solomon aux claviers et synthétiseurs, Sarah Murcia à la contrebasse sont parfaits, mais on ne peut pas ne pas être fasciné par l’énergie et la puissance dégagées par Maxime Zampiéri qui porte les compositions de Malik au bout de ses baguettes. Rythmes hyper-techniques (et pourtant si fluides à entendre), tempos infernaux et régularité sans faille. Scotchage complet. “Pour tenir un tel rythme, c’est impossible tout seul. Je puise de l’énergie dans le jeu de Malik et Denis pour y arriver” lâche
Maxime.
Le maître mot est probablement le métissage pour décrire
cette musique dont les inspirations ont été puisées au cours des voyages
de Malik. Il faut y ajouter la transe que les cinq complices savent
faire monter comme pas un. Première partie puisée dans le répertoire de
l’Orchestra, et tout le monde se retrouve pour un break autour d’un
repas. Scène ouverte en deuxième partie. Christian Amour prend le piano
et propose à son ancien élève une de ses compositions. L’alchimie
fonctionne tout de suite. Puis l’Orchestra se lance dans une version
complètement ébouriffante de Voléo, avant que Malik ne prenne lui-même
le piano pour lancer une nouvelle composition de circonstance, Caraïbes,
mélodieuse et un tant soit peu nostalgique, vite reprise au chant par
l’assistance. Dernier
morceau de bravoure sur de surprenants accents celtes, détournés d’un
improbable festnoz déjanté pour finir. Quant aux rythmes traditionnels
guadeloupéens, le gwoka n’est pas encore vraiment présent dans sa
musique, mais il a déjà quelque expérience en la matière, pour avoir
enregistré Jazz-Ka Philosophy avec Franck Nicolas à New York en 2001. “Ce
sera long d’assimiler le ka et de l’intégrer à ma musique, parce que
finalement, même si j’ai grandi ici, je n’ai pas vraiment été baigné
dans ces rythmes. C’est donc à la fois une découverte et en même temps,
l’impression de l’avoir toujours connu quelque part” avoue Malik.Jeudi,
l’Orchestra repart en tournée pour finir à Saint-Domingue et Haïti.
Mais point de repos en vue. Malik repart ensuite une semaine au Brésil “pour
enregistrer avec Steve Coleman. Il est aussi chez Label Bleu et il
avait écouté mes disques. Il est venu me voir au North Sea Jazz Festival
et avait été intéressé par mon travail. Comme c’était réciproque, ça a
tout de suite fonctionné entre nous.” Steve Coleman a joué sur
00-237 XP1. Il rend la politesse aujourd’hui. Et cette entente à double
sens transparait à chaque détour de la musique de Malik. Il ne reste
plus qu’à espérer qu’il attendra moins longtemps avant de revenir en
Guadeloupe. En attendant, procurez-vous « 13 XP’s Songs », enfin si vous
le pouvez, parce que pour l’instant, et comme nombre d’autres, il n’est
pas distribué aux Antilles. C’est un mal récurrent – voir Alain
Jean-Marie, Balkouta… – qu’il va devenir urgent de soigner !
Christophe Jenny et Marc Chillet – 19 mai 2004
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Cet article a initialement été publié sur le Bananier bleu.




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